Les erreurs d’arbitrage provoquent un sentiment de colère et d’injustice. Ces erreurs ont, depuis le début du championnat, lésé plusieurs équipes
Ayant entamé le match, les nerfs à fleur de peau, Khaled Gouider, arbitre du match ayant opposé l’Olympique de Béja au Club Africain, n’a pas hésité à avertir Bilel Ait Malek dans un premier temps avant de lui donner un second carton d’expulsion. Du jamais vu normalement dans les annales du football tunisien. Certes, Aït Malek n’a rien vu venir, sauf qu’il assume pleinement la responsabilité de son acte. Un joueur professionnel de sa trempe n’a aucune excuse. Néanmoins, la réaction de l’arbitre en question, traduite en un temps record par l’expulsion du joueur, n’est, semble-t-il, que le résultat de la situation kafkaïenne dans laquelle évolue la majorité des hommes en noir avec, en toile de fond, une fédération qui se trouve dans la tourmente.
L’arbitre, un bouc émissaire ?
La gestion du stress dans le monde de l’arbitrage est une science sur laquelle se penchent les analystes et les chercheurs en vue de trouver les solutions appropriées face à certaines situations. Mais, chez nous, les hommes en noir sont tellement exposés aux pressions, aux enjeux de certains matchs et à la peur d’échouer, qu’ils ne sont plus en mesure de bien gérer leurs émotions et se trouvent ainsi incapables de tolérer en particulier les gestes et certains dépassements des joueurs sur le terrain. Lors de l’émission Dimanche Sport, l’expert en arbitrage, Mourad Ben Hamza, a expliqué que si l’exclusion de Ait Malek était bien méritée et ne souffre d’aucun dépassement, le premier avertissement attribué à ce même joueur n’aurait pas dû avoir lieu. Il ne s’agit pas là de règlements stricts à appliquer, mais d’une situation à évaluer avant la prise de décision, avait-il enchaîné. Mais du moment que la carte jaune a très rapidement viré au rouge, on ne peut parler que d’une décision hâtive sous l’emprise d’une forte surcharge émotionnelle qui, elle-même, résulte de la difficile situation financière actuelle de nos arbitres. La grève annoncée, il y a une dizaine de jours, dénote une situation très grave que vivent les hommes en noir et qui aura des conséquences fâcheuses sur leurs prestations. Les résultats sont déjà là avec les sempiternelles erreurs sur le terrain et la faible performance de certains arbitres. Mais sont-ils les seuls à blâmer pour autant ?
A ce propos, il est bien utile de rappeler que le nombre des terrains inadaptés à la pratique est en nette augmentation, que nos arbitres sont très mal payés et que nos stades ne sont pas équipés de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). Que pourrait faire donc un arbitre mal préparé sur le plan psychologique ou évoluant sous la pression (ou l’influence) de parties externes ?
La FTF ou la navigation à vue
On ne cessera de le dire. Les erreurs d’arbitrage provoquent des sentiments de colère et d’injustice. Ces erreurs ont depuis le début du championnat lésé plusieurs équipes. L’ex-superviseur général de la Direction nationale de l’arbitrage (DNA), Néji Jouini, a fini par jeter l’éponge et a annoncé la démission collective de tous les membres de son équipe en raison de l’accumulation des problèmes, en particulier d’ordre financier. La désignation de Mourad Daâmi à la tête de la DNA, dans les conditions actuelles, n’est pas en mesure d’améliorer la donne, d’autant que la situation financière de la FTF n’est pas au beau fixe. Kamel Idir, nommé en août dernier à la tête du comité de normalisation de la FTF, s’attelle, autant que faire se peut, à mener le navire à bon port. Un exercice difficile car si les erreurs d’arbitrage persistaient, les risques de violence dans les stades ne seraient pas à écarter. Les sanctions de la FTF ne conduiront assurément qu’à des huis clos, ce qui ruinera davantage les caisses des clubs.